jeudi 27 septembre 2012

Choisir, c'est renoncer!


J'ai tardé à écrire ce message.

J'ai tardé parceque je n'avais aucun autre message à écrire que celui-ci qui me tenaille et qui me tient depuis l'été. C'est ce message que je garde en moi, qui m'habite, me déroute et qui ne cherche qu'à trouver les mots justes.

J'ai passé un dur été!
Un été d'insomnie à me demander comment nous ferions avec la rentrée de Romane et surtout celle d'Anthonin.

Ça a commencé par un petit éclat, une petite brèche dans l'armure blindée.Un doute accompagné d'un fin murmure, à peine perceptible qui s'est infiltré sournoisement en moi et qui me répétait:
"Anthonin entre à l'école bientôt!"

Désarmant de vérité, à la limite baveux.
Ma tête le savait, mais tout le reste l'avait oublié, je crois.

J'ai bien tenté de l'ignorer pour continuer à m'occuper du quotidien et à veiller à ce que rien ne craque...

Mais la vérité, c'est que j'ai passé mon été au point de rupture...
Vous savez ce point quand le coup est porté sur un morceau en porcelaine et que vous savez ce qui l'attend mais que tout tient encore en place, pour un court moment. Figé, en suspend...
Cet instant précis devant l'irréparable où on peut encore continuer à se mentir en se disant que tout va tenir... Bien que l'on ne sache trop bien que tout est sur le point de s'effondrer.

J'ai passé un été dans cet instant précis!

À penser à Antho... à sa rentrée incertaine et à sa grande fatigue à venir... À tout ce que cette grande fatigue implique aussi pour toute notre famille!

À penser à Romane... et à la fierté de la voir commencer cette nouvelle année! Gage de renouveau!

À Noé... mon bébé scorpion... calme comme l'eau du marécage, tellement mouvementé par en-dedans. Encore tellement petit...

À mon chum... et à sa réalité au travail, toujours intense et exigente...

Puis, j'ai pris le temps de m'imaginer.
Les retours de journée à 17h30 quand tout le monde a faim et que tout le monde crit!
Vous savez, ces journées quand le souper est loin d'être prêt (parceque ça ne se fait pas, hein, manger un quatrième jour de plat congelé) et les devoirs pas faits et les minutes qui filent trop vite et qu'une fois encore on couche les enfants un peu tard avec la culpabilité au coeur que s'ils passent une journée moche, c'est un peu à cause de nous.
Les matins de fous où tout le monde court... et l'instant qui suit où on cherche à trouver un coupable pour comprendre comment on ne réussit pas à trouver de rythme.
À tous ces moments où tout le monde veut s'arracher la tête parceque tout le monde est en mode survie!
J'ai vu mon cours 1 soir par semaine, les soirs de travail de mon conjoint, les réunions cliniques, staff et j'en passe...
L'inconfort constant de demander à tout le monde de prendre la relève, d'avoir toujours à demander du support.. accompagné du lourd sentiment de ne jamais mener les choses à terme, que tout soit "broche à foin".
Et la tristesse de voir que toute la famille baignerait dans cette cacophonie!
Que même mon partenaire deviendrait momentanément un rival par trop d'intensité.
Comment on reste unis et en harmonie dans le chaos?

Puis j'ai eu envie de continuer à faire comme d'habitude; j'ai eu envie de continuer à me battre quand même!
J'ai négocié avec ma conscience et lui aie dit que j'y arriverais.
Que j'apprendrais  à être plus zen, que ce n'était qu'une question de mental!
Que tout le monde y arrivait, que j'en étais capable.
J'ai aussi eu mal à ma dignité personnelle:
"J'ai un bacc, je ne peux pas revenir à la maison... je ne peux pas qu'être une maman!"
J'ai supplié et prié le seigneur, qu'il me donne plus de force et de courage...
Puis j'ai pleuré, beaucoup, parceque je me suis sentie fragile, vulnérable, déconstruite, mise au pied du mur...

Parceque ce n'était pas ce qui était dans le planning du départ...
J'ai eu le goût de pleurer comme ma fille... et de taper fort du pied en disant: "C'est pas juste!"

Pas juste d'avoir à faire une croix sur:
mon autonomie,
mon indépendance,
mon plan de carrière,
mes loisirs,
à tout ce que j'avais construit dans mes pensées de ce que je ferais de ma vie...

Puis une phrase d'un poème, que je voyais un peu partout...

"Tell me, what is it you plan to do
with your one wild and precious life?"

Et puis, tout passe... lentement...
Et j'ai pris la décision de déposer les armes et de ne pas me battre...
J'ai choisis l'équilibre familial...

Les dés sont joués, la lutte est terminée...
Me reste que l'étincelle, comme celle que tient ma fille sur la photo.
La petite étincelle brillante d'espoir qui brille pour dire que tout est bon et que le lumière est toujours quelque part.

Elle se trouve parfois dans un chaleureux contact au retour de l'école...
Dans un vrai moment privilégié, même si on est en semaine...
Dans un repas fait maison au lieu d'un repas chaud...
Dans des demies-journées à la maternelle jusqu'à... ben jusqu'à temps que ça soit nécessaire...
Dans l'absence de service de garde...
Et de camp de jour tout l'été...

Et dans les longs mois d'hiver...
Après que toutes mes nièces et neveux auront des tuques et des bas de laine...
Que je serai à jour dans mon lavage...
Que les collations seront cuisinées...
Que ça fera une semaine que je n'ai parlé à aucun autre adulte que mon chum...

L'étincelle naîtra probablement de la gratitude infinie d'avoir eu la chance de choisir!
Puis j'essayerai d'écrire tous les jours...
Et je trouverai surement le temps de me tricoter quelque chose rien que pour moi... :)