dimanche 17 juin 2012

Quelque chose dans son regard!

Mon fils a un de ses regards qu'on pourrait qualifier d'unique.

Quiconque le connaît bien peut y lire tout la gamme des émotions.

Lorsqu'Anthonin rencontre les gens pour la première fois, la plupart du temps j'ai souvent le même commentaire:
"As-tu vu les cils qu'il a?!?"

Et moi, j'ai à peu près toujours la même réponse:
"Oui, c'est du vrai gaspillage pour un gars des cils comme ça!" :)

Il a de longs cils fournis qui s'allongent à l'infini et qui encadrent son principal outil de communication, son regard!

Anthonin, comme tous les TED sur la terre est un apprenant visuel.

Il scrute et scanne son environnement attentivement à la recherche d'indices ou de stimulations.
C'est un regard différent, analytique.

Regardez la photo ci-haut.
Je connais bien Anthonin et son regard et je vois bien qu'il cherche quelque chose de praticulier en regardant son frère.  

C'est une façon bien à lui de regarder le monde. 
Il regarde souvent les choses comme s'il cherchait à décortiquer l'information. Comme s'il était en pleine lecture visuelle.
Comme s'il traitait l'information.

Quand son frère est arrivé, je me souviens qu'il le regardait très attentivement et qu'il cherchait à mettre ses doigts dans ses yeux. Il faisait la même chose avec notre chien, d'ailleurs.
Je crois que c'était parcequ'il était attiré par la lumière qui brillait dans leurs yeux, c'est ce qui attirait son regard.
Le voyez-vous, ce regard dont je vous parle?

Regardez-le ici, observant un matelas bleu sur lequel est assis sa soeur ou ci-dessous, avec un couvecle en inox.

Il aurait pu y avoir une autre photo de son regard qui cherchait le mystère d'une corde à danser qui bouge sur le sol, avez-vous remarqué, c'est ce qu'il a dans le cou.

Chaque époque est liée à un objet qui pique la curiosité d'Anthonin, il a tantôt beaucoup aimé les oreillers, puis les cordes, puis les objets brillants. Ces objets deviennent alors le centre de ses intérêts et il passe beaucoup de temps à les scruter.

Certains objets font partie intégrante de son quotidien et il passe tous les jours du temps à les observer... sans relâche et sans s'en lasser... On peut penser à la balayeuse (probablement à cause du long tuyau), aux tasses (pas toutes les tasses, que celles qui relètent la lumière) et aux roues (banc à roulettes, roues du tracteur, etc...)


Petite anecdote! Lorsque je pars, j'ai souvent un comité d'aurevoir.
Tous mes enfants sont alors alignés sur la galerie pour me saluer.
Ça me frappe chaque fois, pendant que Noé et Romane sont occupés à me faire de grands signes de la main Anthonin lui, regarde les roues qui tournent tandis que je roule vers la rue.
On pourrait me dire qu'il me dit aurevoir comme les autres, il me dit bien "bye, maman" avec ses mots, pourtant.
Mais lorsque je le regarde, je le sens pris en otage de ses yeux.
Un peu comme si c'était plus fort que lui et qu'il était hypnotisé par ce que capte sa rétine!



Le voici à 1 an au zoo. Voyez-vous mon enthousiasme?

J'avais en tête ma fille à peine un an plus tôt qui, à la même âge, avait connu son premier tête à tête avec un éléphant!  Je m'en souviens comme si c'était hier, à l'époque, elle avait levé le petit doigt, comme sous le choc de voir ce monument vivant. Je voyais bien dans ses yeux qu'elle cherchait du sens à ce qu'elle voyait.
Était-ce un cheval? Une vache?

J'avais hâte de montrer les éléphants à mon fils, je les aie pointés furieusement... Jamais, il ne les a vus!
Ses yeux les ont probablement vu mais il a balayé le paysage du regard comme si c'était un fond vide monochrome.

3 ans plus tard!!!

Peut être avait-il un peu plus d'intérêt, mais à peine! Mais cette fois, je sais qu'il les a vus j'en suis certaine!

Certains parlent d'attention conjointe, d'autres d'intérêts restreints...

Moi je regarde mon fils comme un scientifique. Il est occupé à étudier et ça obnubile son existence.
Étant moi-même assez cérébrale, je comprends qu'on peut éprouver un malin plaisir à étudier.

Ceci dit, je ne sais pas trop ce qu'il regarde mais j'aimerais tellement avoir ses yeux pour percevoir la façon bien a lui qu'il a de capter, de percevoir et d'enregistrer les choses.

Quand je regarde mon fils, tellement unique, je me dis parfois que la vie pour mon fils et pour bien des autistes, c'est comme être derrière une grande fenêtre d'un aquarium.

La masse de monde regarde la même fenêtre, avec les mêmes couleurs et les mêmes poissons, mais tandis que les gens sont attirés par la splendeur de la multitude d'espèces du monde aquatique, mon fils lui scrute le miroitement de la lumière qui brille sur l'eau.

Et ce spectacle, dans ses yeux à lui, est tout aussi splendide!



samedi 2 juin 2012

Touchera, touchera pas :)

Tout ceux qui connaissent bien Anthonin et son histoire peinent à le reconnaître maintenant.

Pour vous mettre en contexte, mon fils a passé pratiquement la première année de sa vie à apprivoiser l'environnement dans lequel il venait d'être parachuté.

À cette époque, je crois bien qu'il aurait préféré être resté bien au chaud. Il aurait ainsi pu rester à la noirceur tranquille, sans être obligé de toucher, sentir et goûter les choses.

Quand on regarde cette vidéo, on saisit bien le défi de taille qu'était le toucher à cette époque.


J'ai tellement vu mon fils avec ses petites mains dans les airs de cette façon, tiraillé entre sa curiosité et son incapacité totale à tolérer les textures et sensations.

En mode auto-défense, pour être bien certain qu'il ne soit pas en contact:
- avec les jouets,
- avec le sol,
- avec la nourriture,

Alors, pendant tout ce temps occupé à se protéger, il n'a ni joué, ni mis ses mains au sol pour marcher à quatre pattes, ni grandit et grossit comme il aurait du.

Plutôt que de boire au sein, comme l'a fait son frère et sa soeur... collé sur moi dans la grâce du moment... Anthonin lui, s'arc en boutait boire après boire, hurlant jusqu'à ce qu'il trouve un minimum de confort pour têter le plus rapidement possible juste le minimum de lait pour assurer sa survie.

Et oui, ça peut un bébé qui se laisser mourir de faim... Et les troubles sensoriels peuvent aller jusque là!

Quand nous avons déménager à la campagne, c'est tout un univers de possibilités qui s'est ouvert pour mon fils.
Sa passion pour l'extérieur lui a fait demander beau temps, mauvais temps, à sortir dehors!

Aie-je dit beau temps, MAUVAIS TEMPS :)
À la campagne, le jardinage n'attend pas surtout avec un papa qui n'arrête jamais!
Et le voilà, ce matin même sous la pluie, push push à la main...
Heureux d'arroser les plantes, l'auto, la galerie et surtout... son frère :)

Pour ma part, je pratique ma patience en attendant la seconde ultime où l'oiseau apparaîtra...


J'en aie bien besoin ces temps-ci, en attendant la réponse du classement d'Anthonin à la maternelle.

J'espère encore et toujours qu'Anthonin aura les mêmes chances que sa soeur et qu'il pourra lui aussi fréquenter l'école de notre choix!

En attendant, je regarde des vieux films d'Antho et mes fils jouer sous la pluie...

Ça m'aide à garder espoir!